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Jean Rondeau, l’enfant du Mans (Partie 1)

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Depuis longtemps j’avais envie de vous raconter l’histoire de Jean Rondeau, mais j’avais tendance à reculer devant l’obstacle, les infos sur le pilote constructeur de la cité Mancelle étant pour la plupart concentrées sur la victoire de 1980 aux 24 heures. Histoire déjà racontées mille fois. Il m’a fallu lire plusieurs ouvrages sur le personnage pour comprendre un peu mieux le parcours semé d’embuches et la personnalité complexe de Rondeau.

Je vous emmène donc au Mans, juste après la seconde guerre où le petit Jean voit le jour. Le parcours semé d’embuches commence ici. Le petit frère de Gérard, est malade. Une scarlatine ronge ses reins et le petit garçon gardera toute sa vie des séquelles de cette maladie. Toute sa vie, Jean répétera qu’il ne se voyait pas vivre vieux. Il vivra toute son existence avec la dialyse en épée de Damoclès au dessus de sa tête. On peut voir dans cette certitude l’explication de son envie de vivre vite et d’entreprendre coute que coute. Ce premier choc dans la vie de Jean Rondeau auratrès certainement conditionné tout le reste de son existence.

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Le deuxième choc se produit en 1949. Depuis la fin de la guerre, la ville du Mans met tout en œuvre pour faire revivre la course d’endurance, la nomination d’un nouveau préfet et la mobilisation des politiques fait enfin avancer le dossier et on transforme les ruines en circuit automobile. Les manceaux sont aux anges et les parents Rondeau emmènent leurs deux fils assister à cette renaissance historique. Maman Rondeau n’est pas très rassurée à l’idée d’emmener le tumultueux enfant de 3 ans sur un circuit automobile, au milieu du bruit et de la foule. Le petit Jean a l’habitude de ne pas tenir en place et cette journée s’annonce sportive. Contre toute attente, Jean Rondeau est littéralement fasciné par ce qu’il voit. Il restera scotché devant le passage des bolides pendant 6 heures, sans bouger. Sa mère racontera bien plus tard qu’il attendait chaque passage « de la voiture rouge » avec une réelle excitation. Cette voiture rouge c’est la Ferrari numéro 22 de Chinetti. Aussi incroyable que cela puisse paraitre Jean parlera toute son enfance de ce souvenir de la voiture rouge qu’il attendait sagement après chaque tour. Il lui faudra la promesse de ses parents de revenir le lendemain pour que l’enfant accepte de retourner au domicile ce jour là. Dés lors l’enfant n’aura qu’une passion, dévorante et envahissante : l’automobile et plus particulièrement une obsession : les 24 heures du Mans. Le rituel se reproduit tous les ans avec la même verve. Les frères Rondeau découvrent le critérium des jeunes pilotes disputé sur des petites monoplaces adaptées aux enfants et Jean déclare à tout le monde « je veux être pilote ». Cette idée ne le quittera jamais et contaminera son frère Gérard. En 1959, les deux frères se rendent seuls sur le circuit, leur mère étant retenue au chevet de leur père, gravement malade. Les deux garçons en profitent pour tester pour la première fois un karting, sur une piste improvisée derrière le circuit. C’est le début du karting en France et les Rondeau ne l’ont pas loupé. Dans tous les témoignages concernant l’enfance de Jean, revient toujours ce sentiment, Jean était anormalement accroché à sa passion automobile pour un enfant de son âge.

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Le 18 juin 1964 c’est l’appel du permis pour Jean qui passera l’épreuve après 2 leçons de conduite. Trop peu visiblement, pensera surement son frère lorsque son cadet lui ramènera son R8 Major dans un drôle d’état suite à un loupé dans le virage d’Arnage. Les deux frangins resteront brouillés longtemps suite à cet incident. Quelques temps plus tard, alors qu’il est vendeur à la concession Gueguen Alfa-Roméo du Mans, il manque de se tuer au volant d’une nouvelle Giulietta Ti dont il voulait tester les capacités sportives. Rien ne semble entamer la fougue de cet apprenti pilote. Plus tard l’achat à plusieurs copains de plusieurs Gordini à échappement plus ou moins libres privera de sommeil beaucoup d’habitants du centre ville du Mans. Gérard, qui avait commencé à courir en rallyes, choisit la voie de la raison en privilégiant ses études à Caen et en renonçant à toute ambition sportive. Jean lui en voudra, ne comprenant pas qu’on puisse renoncer à tenir un volant en compétition.

Il enchaine les petits boulots, tour à tour vendeur chez Alfa, commercial dans les meubles ou chez Antargaz. Il a un seul et unique but : acheter une voiture de course et devenir pilote. But, bientôt réalisé avec l’acquisition d’une Renault 8 Gordini. La belle faisant la rencontre inopinée d’un pylone EDF lors de son premier rallye, tout est à refaire. L’apprenti pilote échoue à deux reprises au volant Shell. Devant ce manque de réussite et cette difficulté à percer, il se résout à trouver un métier normal et devient décorateur d’intérieur. Fin de carrière? Ce serait mal connaitre le déterminé Manceau. Contre toute attente il trouve auprès de son nouveau patron une oreille attentive et celui-ci finance le volant d’une Alpine. Les succès en course de côte arriveront rapidement, permettant à Jean de poursuive son rêve. Il comprend qu’il doit vite capitaliser sur ces victoires et décide que le moment est enfin venu de participer à l’épreuve reine et de s’attaquer aux mythiques 24 tours d’horloge du Mans.

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1972 voit donc la première participation de Jean sur une modeste Chevron, dont le joint de culasse rendra l’âme avant le petit matin, puis non qualification en 1973. En 1974, il va jusqu’a hypothéquer l’appartement de sa mère pour financer une saison en challenge Mini et finit enfin ses premières 24 heures au volant d’une Porsche à la 19ème place. En 1975, un nouvel échec au volant d’une nouvelle mais anémique Mazda crée un électrochoc. Il le sait, pour accomplir son rêve il doit passer la vitesse supérieure. Devant sa bande d’amis médusés, Jean déclare lors d’une soirée « j’en ai marre de conduire des poubelles, on ne me donnera jamais un volant digne de ce nom, je vais donc construire moi-même ma voiture! ».

Pendant quelques mois Jean disparaitra des radars, chose peu en raccord avec le personnage. Seuls quelques amis proches auront de ses nouvelles. La rumeur court dans la ville, Jean prépare quelque chose d’important. Très vite une structure associative est crée sous le nom d’ATAC et les premiers croquis de la voiture dessinée par son futur pilote sortent de la planche à dessin…

A suivre… ici: Jean Rondeau, le pilote constructeur (partie 2)

Texte: Niko Laperruque (http://www.niko-musique.com)


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